Rien n'est jamais trop tard, tout est toujours accessible
- christelrouzaud
- 2 juil.
- 2 min de lecture

Le chemin thérapeutique peut se faire sans qu'aucun souvenir ne soit présent. C'est quelque chose qui surprend, mais que nous connaissons bien avec la Maïeusthésie.
Si ce qui est de la mémoire concerne les évènements et se retrouve avec l'intellect, ce qui est du mémoriel concerne les êtres et se rencontre avec le sensible.
Nous n'allons pas avec l'intellect à la rencontre de ceux qui ont vécu des évènements douloureux, mais avec notre sensibilité. Les traces laissées par le vécu de ceux dont nous sommes issus sont accessibles en nous sans limites dans le temps par la voie du sensible dont le corps et la psyché sont garants.
Cela se vit non pas de façon intellectuelle, mais de façon expérientielle.
C'est ainsi que l'on peut faire un chemin d'apaisement, non seulement avec ce qui concerne nos parents et ancêtres, mais aussi avec ce qui nous concerne depuis la conception. On peut ainsi aller rencontrer le fœtus, le nouveau-né, l'enfant en bas âge que l'on a été.
Nous gardons aussi les traces de tout ce qui s'est vécu de tellement traumatique que notre psyché s'est empressée de le faire disparaitre dans notre inconscient.
On peut remarquer ici la justesse de notre pulsion de survie qui sait mettre de côté celui que l'on a été, bouleversé par quelque chose d'inassimilable, pour sauvegarder celui que l'on est et lui permettre de continuer au mieux qu'il peut son existence.
Certes, nous aurons besoin de compensations, mais nous pourrons continuer notre chemin jusqu' au moment où la pulsion de vie nous présentera des symptômes si impactant que nous ne pourrons plus faire sans aller à la rencontre de celui qui a été clivé.
C'est le processus de rencontre de Soi, ou encore, selon la nomination de Carl Gustav Jung, de l'individuation.
Merveilleuse nature qui fait de la pulsion de survie et de la pulsion de vie, deux pulsions complémentaires sans lesquelles la vie n'existerait pas.
Ce n'est donc pas notre mémoire qui est garante de notre intégrité. Celle-ci peut nous faire défaut, mais elle est aussi en remaniement permanent. La façon dont nous racontons un fait est rarement conforme à la réalité de ce qu'il s'est effectivement passé et le souvenir qu'il nous reste va évoluer au cours du temps.
Par contre, les traces de ce qui a été vécu en termes de ressentis et d'émotions sont en nous comme dans un éternel présent tant qu'elles n'ont pas été entendues. Et c'est ce qui fait nos réactivités. La plupart du temps, peut-être même dans toutes les situations, nous ne réagissons pas à l'événement présent, mais en fonction d'un vécu antérieur, personnel (biographique), intergénérationnel (concerne les parents et les grands-parents), ou transgénérationnel (concerne les générations antérieures aux grands-parents).
L'avantage de ce processus, c'est que nous gardons en nous tout au long de notre vie la possibilité de prendre soin du vécu passé. Rien n'est jamais trop tard. Tout est toujours accessible et sera accessible à nos descendants si nous n'avons pas pu faire le chemin de reconnaissance qui appelle.
Comments