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  • christelrouzaud

Nous faut-il être actif ? Est- ce important d’être rapide et efficace, de remplir notre temps ?


L’important n’est peut- être pas le rythme que nous donnons au temps, mais la qualité de ce qui est vécu dans ce temps. Je porte moins d’attention au rythme auquel je remplis mon temps, qu’à comment je me sens dans ce temps.

Et ce qui a peut-être autant d’importance à mes yeux c’est quelle trace je laisse au monde dans le temps qui est le mien sur cette terre.

Que j’ai vécu ma vie à courir ou à remplir mon temps avec une succession d’activités, ma vie n’en sera pas plus riche ou plus belle. Et je ne serai pas plus avancée à ma dernière heure d’avoir poursuivi un ou des buts illusoires.


Par contre, prendre le temps de m’arrêter aux carrefours de mon existence, de sentir en moi les mouvements agréables ou très inconfortables, m’offrir à accueillir ce qui est là pour moi me permet d’être, de laisser la vie me traverser et me transformer, me façonner pour devenir celle que j’ai à être.

Je suis de cette manière au cœur de mon existence, de ce qui est essentiel.


Je traverse cette incarnation avec l’élan de prendre soin de la Vie en moi et autour de moi.

Si j’ai une urgence c’est celle de ralentir ; parce que prendre soin ne peut se faire dans la précipitation. J’ai à cœur d’avancer à petits pas pour ne rien manquer de ce sur quoi je peux m’émerveiller ; pour être attentive à l’endroit où je pose mon pied, afin de ne rien écraser ; pour prendre le temps d’entendre le frémissement du vent dans les arbres, parce que seule ma présence lui donne réalité ; pour porter une attention délicate aux êtres avec l’envie qu’ils se sentent entendus ; pour apprendre à m’aimer, pour me laisser aimer, pour mieux aimer les autres…


Il faut du temps pour être soi ; il faut du temps pour être ensemble ; il faut du temps pour rendre grâce à la Vie.


Après quoi courons-nous ? Quel est le sens de remplir le temps qui est le nôtre ? En sort-on plus heureux ?

L’homme qui court est dans la fuite. Celui qui ne peut s’arrêter est dans l’évitement de soi.

Je le comprends. Nous sommes dans la culture du faire depuis si longtemps. La compétition a été glorifiée, a servi à se sentir exister dans ces siècles de survie qui nous ont précédés.

Il a aussi fallu œuvrer pour vivre avec un peu de confort et espérer être plus en sécurité.

Nous n’avons pas appris à être.


Et puis il est si difficile d’être face à soi. Cela propose en effet de regarder ses ombres qui ont été considérées si longtemps comme des démons.

Il est vrai que mettre de la lumière sur nos ombres revient à rencontrer ceux que l’on a été et ceux qu’ont été nos ancêtres avec toutes les souffrances qu’ils ont pu traverser dans l’omerta ou l’impossibilité à être entendus. Éclairer nos zones d’ombre nous offre à voir cette réalité et à ressentir ces émotions refoulées dans l’inconscient depuis si longtemps. Nous ne pouvons faire l’économie d’être présents à ces êtres souffrants et ici se trouve peut-être notre plus grande peur. Comment accueillir la souffrance ? Et si notre terreur était d’être aspiré dans ce gouffre profond ?


Pourtant l’expérience montre que la lutte pour ne pas voir n’est pas efficiente. Combien d’humains vivent d’éternelles souffrances de ne vouloir entendre ce qui se vit en eux ou s’est vécu avant eux, de cette fuite en avant qui les pousse à courir sans cesse dans un perpétuel évitement de soi ?


L’expérience montre aussi l’immense pouvoir de transformation à l’œuvre quand enfin on se donne le droit de s’arrêter et d’écouter, de plonger en soi avec cette attention délicate, d’accueillir ce qui se présente.

Nous avons tant à gagner à ralentir.

Derrière nos ombres se cachent en fait des cadeaux inestimables, des pépites : le précieux de qui nous sommes et l’immense bonheur de se rencontrer.


Cette rencontre est le préalable à notre ouverture aux autres, au monde et à l’univers. C’est parce que je m’offre le temps de ralentir, de m’arrêter, que je peux recevoir la caresse du vent, le sourire du passant et l’amour infini, ce qui se dit si peu par manque d’expérience, par pudeur, parce qu’on ne sait pas le dire, ou par peur de ne pouvoir être entendu dans cette expérience intime et précieuse. Combien de fois préfère-t-on taire ces sensations puissantes et merveilleuses, plutôt que d’être moqué, pas pris au sérieux, ou manquer de considération et d’attention?


Je suis psychopraticienne avec l’approche de la maïeusthésie parce que j’ai à cœur d’offrir cette posture d’accueil qui permet un chemin thérapeutique, un chemin de rencontre avec l’inestimable en soi.

Je suis profondément touchée de contribuer ainsi à ce que la vie circule avec plus de fluidité. L’être a avant tout besoin de reconnaissance et de considération pour que la Vie œuvre à travers lui. C’est ainsi qu’il devient celui qu’il a à être.

C’est pour moi le plus beau cadeau que l’on puisse faire au monde. Cela vaut bien que je m’offre du temps et que j’en offre aux autres.



  • christelrouzaud

Devenir enfant de l’Univers, celui que l’on a toujours été, et qui avait juste oublié d’où il était, d’où il venait.

Au-delà de sa condition, de son état de naissance, de son identité, l’être est enfant de l’univers, enfant du divin connecté à cet espace sans lieu et sans temps dans lequel tout est en mouvement; un mouvement harmonieux dans lequel tout est interconnecté.

Il est dans l’univers, à son rythme, au rythme du Vivant imprimé en son âme.

Il en aura fallu des générations d’êtres humains, depuis le début de l’humanité, pour que l’être s’ouvre à sa conscience éternelle, pour que la survie ne façonne plus de façon définitive sa manière d’être au monde, pour que la Vie fasse son œuvre et l’appelle si fort qu’il sorte de l’oubli, du conditionnement, pour rejoindre sa nature profonde.


L’humanité sort enfin de son état embryonnaire pour venir au monde.


Chacun d’entre nous a à en faire l’expérience. Et même si tous ne la feront pas, on peut espérer être en nombre suffisant sur ce chemin pour que la Vie advienne.

La vie présente en chacun est appelée à rejoindre la Vie.


Notre regard à tous est le vecteur du vivant vers le Vivant. De la même manière que le manque de reconnaissance et le manque d’Amour ferment ce qu’il y a de Vie en chacun, éteignent en nous les feux de joie, pour ne laisser danser qu’une petite flamme vacillante en Soi, la reconnaissance et l’Amour permettent à la Vie de circuler ainsi qu’à l’Être de se déployer et d’advenir cet être unique et inestimable qu’il est.


La présence chaleureuse, la rencontre et la reconnaissance de l’humain, offrent à la Vie de le traverser, de l’animer jusqu’à le rendre merveilleusement empli de lui-même, jusqu’à révéler ce qu’il y a de plus précieux en lui. La vie pleine d’elle-même rejoint ainsi la Vie dans son essence.


Seule l’attention à l’enfant, au nouveau- né a ce pouvoir infini de donner la Vie au-delà de la naissance du corps, de l’incarnation. Celui qui vient au monde a besoin de ce regard bienveillant et accompagnant, reconnaissant le sacré en lui pour exister réellement et se déployer comme cet être merveilleux qu’il est . Tellement d’humains ont traversé leur temps sur terre sans que le droit d’exister leur soit offert.


La reconnaissance du sacré ne peut avoir lieu que parce qu’on s’offre le temps d’être présent à ses côtés. La Vie demande à ce que l’on se donne du temps. Elle ne s’offre dans sa complétude qu’à cette condition.

S’arrêter, c’est permettre à la Vie de trouver son chemin et de nous mettre en mouvement au rythme de l'univers, sans précipitation, en syntonie avec toute forme de vie. C’est ainsi que le faire volontaire et emprunt de pouvoir (sur soi et sur l’autre) cesse, pour laisser place à l’Être au service du Vivant.

Pour celui qui a reconnecté avec l’enfant de l’univers qu’il était, le pouvoir et la soumission n’ont plus aucune réalité. Il est souverain de son Être, au service de la Vie.


J’ai écrit ce texte après avoir été accompagnée dans une séance de maïeusthésie.

Ce que je partage ici n’est pas vue de l’esprit, mais expérience vécue dans cet espace expansé de conscience où la connexion à Soi et aux autres est privilégiée. Je n’évoque en rien une vérité objective, mais une réalité subjective; cette réalité qui m’appartient. Personne n’a à la faire sienne autrement qu’en ressentant ce que cela fait écho en lui, ou en l’expérimentant par lui- même.


Bon nombre des expériences des humains jusque-là n'ont jamais pu être dites, de peur d’être moquées, ou même de passer pour fous. Les langues commencent à peine à se délier, comme c’est le cas pour les expériences de mort imminente par exemple.

Il est pourtant tellement important de pouvoir être entendu dans tout ce que nous ressentons et même dans ce que nous peinons à dire tellement les mots nous manquent. Dire et être entendu sont à l’origine de ce que nous nous autorisons le droit à être dans notre individualité, dans notre unicité.

Il est aussi curieux de se rendre compte que lorsque nous osons exprimer ce qui est du plus intime de Soi, un certain nombre d’humains s’y reconnaissent. Carl Rogers l’exprimait ainsi: “Plus c’est intime, plus c’est universel”.


La maïeusthésie fait partie de ces approches qui offrent à chacun l’oreille du cœur, cette oreille qui peut tout entendre et considérer comme la réalité intime de celui qui l’énonce. Cela en fait l’approche qu’elle est, avec cette grande délicatesse et aussi sa puissance transformatrice; parce que seule la reconnaissance de ce qui est ouvre sur un apaisement et une possible transformation à l'œuvre.


  • christelrouzaud

Notre soif est immense. Nous sommes des êtres infinis en quête d’infini.

Pourtant, nous passons souvent des années à ne pas entendre l’appel, à ne même pas sentir à quel point notre bouche est sèche, à quel point nos cellules manquent d’eau, à quel point tout notre être est tendu vers ce que nous ne savons nommer.

Le sentiment de vide intérieur se trouve compensé par mille et une activités. Tout est prévu pour nous mener hors de nous. Du travail, aux loisirs, de la vie de famille aux rencontres multipliées, de l’agitation au vacarme, de la consommation à l’addiction ... La survie en passe par là. Il faut bien trouver à remplir le vide.


C’est sans compter la Vie qui compte bien nous ouvrir, nous éviter le pire qui serait de passer à côté de Soi-même, à côté du mystère, à côté du vivant, à côté du plus grand que Soi.

Alors la Vie œuvre, met en place des symptômes, des inconforts, des obstacles, des murs, des précipices. Elle œuvre pour chacun à sa mesure.


Plus la soif est intense, plus les messages sont explicites, plus la douleur est profonde.

Il s’agit de ne pas laisser le choix. Le grand retournement attend! Il s’agit de ne plus chercher à l’extérieur. Fini les compensations! Fini l’illusion de ce qui trouverait sa cause ailleurs! Il s’agit de se trouver face à Soi, de prendre la responsabilité du je dans le monde, de s’ouvrir au Soi, de s’accueillir dans sa dimension sacrée, la dimension du Vivant. Parce que la Vie est sacrée!

Alors la Vie œuvre, nous dépouille jusqu’au dénuement.


C’est dans la traversée du désert que l’Être déshydraté n’a pas d’autre choix que d’aller à la rencontre de la source. Il faut être mis à nu sous le soleil brûlant pour ne plus avoir le choix. Il faut être à bout de force pour que l’alchimie se fasse.


C’est parce que nous ne pouvons plus que notre pouvoir s’efface, disparaît dans le sable incandescent.


C’est parce que nous ne savons plus que nous nous en remettons à plus grand.


C’est parce que nous ne voulons plus que la grâce intervient.


Et c’est ainsi, quand pouvoir, savoir et vouloir sont réduit à néant, qu’enfin nous nous laissons habiter, nous nous laissons aimer. Nous accueillons ce qui est cadeau de la Vie; parce que “rien ne nous est donné pour nous écraser” (Christiane Singer).

La Vie œuvre pour nous offrir le meilleur sans que nous n’ayons aucune idée de ce qui est le meilleur pour Soi. Accepter de recevoir ce qui va nous permettre de devenir celui que nous avons à être, dans l’ignorance totale de ce qui attend d’être vécu, avec pour seule certitude que la Vie répond à l’appel; l’appel de l’amour infini.

Se laisser imprégner; recevoir sans compter; se laisser déborder comme un vase trop plein, se laisser transpirer cet amour infini pour que l’impossible soit; pour que l’amour infini s’incarne, se donne à travers Soi. Tel semble être la finalité à rejoindre de notre incarnation… Tout se passe comme si la Vie était initiatrice de l’Amour…


La maïeusthésie, psychologie de la pertinence, prend une fois de plus tout son sens. La pertinence est partout et le psychopraticien en maïeusthésie ne fait qu’accompagner la Vie à l'œuvre.


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