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christelrouzaud

En maïeusthésie, le symptôme est considéré comme un moyen trouvé par la Vie, pour nous inviter à prendre soin d’un être qui n’avait pas pu être entendu jusque- là.

Voici ci-dessous, une séance d’accompagnement en maïeusthésie qui illustre ceci :


La personne que j’accompagne aujourd’hui ne s’autorise pas de moment de présence tendre avec son compagnon. Ce dernier s’en plaint et elle, reconnaît que sa charge mentale est envahissante, qu’elle est toujours dans une course en avant sans fin qui ne laisse de place qu’au faire et à l’organisation de la suite. De ce fait, elle ne s’octroie aucun moment de lâcher prise. Elle passe à côté de l’instant présent sans jamais s’y poser.

Elle constate les bienfaits de ses qualités d’organisatrice dans son travail, mais elle en voit les limites dans sa vie personnelle, avec les siens et avec elle- même. Comment s’octroyer un moment pour soi quand on est en prise avec une « to do list » qui ne cesse de croître et de se renouveler ?

En fait, elle a toujours vu ce fonctionnement, chez son père qui est ingénieur et a ce besoin constant de planifier, et chez sa mère.

Un souvenir précis lui revient en mémoire : Elle a 18 ans. Une fête se prépare pour l’anniversaire d’un cousin. Les familles sont heureuses de se retrouver, de partager, à l’exception de sa mère qui a décidé de faire le repas pour tous et « de mettre les petits plats dans les grands ». Pour elle, la fête devient stress intense avec l’impératif de bien faire.

Quand elle met son attention sur la jeune fille qu’elle était, elle perçoit de l’incompréhension, mais aussi de la colère et de la tristesse à l’égard de sa mère.

L’émotion qui domine est en fait la tristesse. Elle éprouve une grande tristesse à être coupée de sa mère. Cette dernière ne laisse pas de place à quiconque pour l’aider. Il ne reste plus qu’à s’éloigner devant l’impuissance ressentie.

L’élan de partage est brisé, la coupure se fait avec une bonne dose de culpabilité.

J’invite alors ma patiente à mettre son attention sur cette femme qu’était sa mère dans ce moment de vie.

Il apparait que cette femme avait en fait l’élan de bien faire. C’était sa façon de montrer son amour à ses proches et aussi d’être reconnue.

En effet, l’enfant qu’elle était en avait tellement fait pour être reconnue et aimée de ses parents. Son père était violent. Il ne savait pas la regarder avec les yeux de l’amour. Sa mère, débordée par la violence de cet homme n’avait pas les oreilles pour entendre son cœur. De fait, l’enfant était restée avec cette phrase en elle : « je mérite d’être aimée ». Et la femme qu’elle était devenue vivait depuis dans une course en avant permanente pour être reconnue et aimée.

Ma patiente vivait les mêmes symptômes. En effet, la Vie tentait de se frayer un chemin à travers elle pour prendre soin de cette enfant qu’était sa mère. La petite ne s’était pas permis la colère envers son père, préférant le fait de rester en lien avec lui. Par contre, elle était profondément en colère contre elle- même. La colère de ma patiente envers son grand- père a permis d’entendre la colère de l’enfant qu’était sa mère contre elle- même. Cette colère entendue, l’enfant s’est apaisée et ma patiente aussi.

La connexion s’est restaurée entre l’enfant et sa mère. Simultanément, l’adulte qu’était devenue cette enfant (la mère de ma patiente) a enfin pu s’abandonner dans les bras de son père, arrêter de courir après ce regard de reconnaissance et juste être dans la joie du partage.

L’apaisement ressenti en fin de séance ouvre à la possibilité de ne plus courir après des tâches à faire, et à celle d’être en mesure de s’abandonner à la douceur de l’instant. En effet, il est probable que le symptôme initial ait complètement disparu puisque les êtres qui appelaient à ce qu’on prenne soin d’eux ont été entendu.

C’est bien souvent ce qui se vit en maïeusthésie. Un symptôme peut disparaitre complètement et définitivement à la suite d’une séance. D’autres fois, il faudra plusieurs séances pour aller entendre tout ce qu’il y a à entendre.

Dans cette séance, il apparait que le père était cité comme ayant ce même symptôme pour lequel ma patiente venait se faire accompagner avec l’approche de la maïeusthésie. Il est possible qu’une autre séance soit nécessaire pour aller à la rencontre de cet homme, ou pas…

Il n’y a pas de règles ; c’est différent pour chacun et on ne sait jamais rien par avance. Par contre, on sait que l’on a à faire à une thérapie courte qui ouvre à la rencontre et à l’accue

christelrouzaud

Dernière mise à jour : 1 août 2022

Vendredi 15 juillet 2022


« La Maîtrise de soi est la méprise de Soi »

Cette citation de Thierry Tournebise, recueillie à ses côtés lors de ma dernière formation en tant que stagiaire formateur en maïeusthésie, début juillet 2022, me conduit à cette réflexion :

Il est tout d’abord nécessaire de définir ce qu’est la maîtrise de soi.

Le dictionnaire Le Robert nous en donne la définition suivante : « qualité d’une personne qui sait se dominer, se contrôler ».


Dans ce monde dans lequel contrôle et pouvoir sont les bases éducatives depuis si longtemps, il n’est pas étonnant que la notion de maîtrise ait été intégrée tant au niveau de nos fonctionnements personnels, que dans nos interactions aux autres et à la nature.

C’est ainsi que nous avons perçu la maîtrise de soi comme unique moyen d’agir de façon juste avec soi, comme avec les autres ; comme si pour prendre soin de soi et des autres, il fallait être dans le contrôle de soi.


Pourtant, il semble que l’humain soit naturellement ouvert à l’autre. Des traces archéologiques d’individus handicapés adultes qui n’auraient pu survivre seuls nous montrent la nature humaine comme bienveillante et attentive au bien-être de chacun.

D’autre part, il semble aussi que la maîtrise ne puisse durer dans le temps. Quelqu’un empreint de colère pourra se contrôler un temps, mais il suffira d’un événement extérieur, comme une injustice sociale par exemple, pour le faire sortir de ses gonds.

À l’identique, une situation dans laquelle il se sent menacé dans sa vie quotidienne pourra le faire réagir de manière disproportionnée. Qui n’a jamais assisté à un déferlement d’insultes d’un chauffeur qui s’est fait doubler prestement ou qui s’est senti mis en danger ?


En ce qui concerne la maîtrise des éléments, on constate chaque année que la nature reprend ses droits quand elle a été contrainte ou qu’on ne l’a pas respectée. Les lits des cours d’eau déviés débordent, les zones inondables construites sont inondées…

La maîtrise de soi demande en fait une bonne dose d’énergie, et l’énergie est, de fait, fluctuante en fonction des situations et des moments de vie. Nous baissons tous d’énergie quand nous sommes malades ou vieillissants. Il n’est pas rare, d’ailleurs, de voir des personnes âgées s’aigrir quand elles ont passé une bonne partie de leurs plus jeunes années à, consciencieusement, maîtriser leurs émotions et/ ou, positiver.

En fait, maîtriser ses émotions revient à ne pas leur laisser de place à ne pas vouloir les écouter et de ce fait à mépriser ceux que l’on a été qui les ont vécues.

Il est vrai que l’adaptation sociale dans un monde dans lequel l’avoir a pris le pas sur l’être, et le faire s’est imposé par rapport au sentir, n’a pas laissé beaucoup d’alternatives aux humains.




Pour autant, l’humain sur son chemin d’Humanisation ne peut pas s’épargner du sentir. Et quand il s’offre à sentir ce qui est en lui, ce qui est du sensoriel, mais aussi de l’extra sensoriel, de tout ce qui ne trouve pas de mots pour s’exprimer, de ce qui se pense à peine, il s’offre aussi à être entendu. Et quand il est enfin entendu, les émotions discordantes comme la tristesse, la souffrance, la colère, le sentiment d’injustice s’apaisent pour laisser place à la paix, la joie, l’harmonie, la capacité d’émerveillement… ce qui est de l’Être qu’il a à être par lequel la Vie se manifeste dans son immensité et sa simplicité.


C’est ainsi qu’il devient préférable d’écouter en Soi que de se maîtriser. La méprise de Soi peut ainsi laisser place au respect de Soi qui est le préalable au respect du Vivant quel qu’il soit.

Un accompagnement thérapeutique en Maïeusthésie propose cette écoute de cœur à cœur qui permet naturellement de ne plus avoir besoin de se maîtriser.

J’observe, tant en moi-même, que dans mon activité de psychopraticienne, l’ouverture de soi se faire naturellement au fur et à mesure des séances reçues.

Cette approche de thérapie brève qu’est la Maïeusthésie, propose de se libérer des idées reçues, des conditionnements et des souffrances du passé, afin de se sentir plus en paix en Soi et avec les autres. Les rapports de pouvoir deviennent alors inadaptés. Il n’y a plus de maîtrise à avoir, ni sur soi, ni sur autrui.

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